" En chacun de nous il y a des dizaines d'oiseaux, qui ne cherchent qu'à s'envoler"                 Leili Anvar

Le ou La Simorgh

Fronton d’une ancienne mandrassa à Boukara (photo de voyage)

L’oiseau Saïmar, créé par Anne-lisa Koehler pour le film Azur et Asmar de Michel Ocelot.

Meskîn, Le sage corbeau s’adresse aux animaux, Londres. © The British Museum, RMN.

Dans la mythologie iranienne ancienne, le Simôrgh était un oiseau aux pouvoirs surnaturels et une aide pour l’humanité. Etymologiquement, Simôrgh est lié à la figure de marayô saênô (‘‘ oiseau Saêna’’) mentionné dans l’Avesta (les anciennes écritures du Zoroastrisme), et à la figure de sên murw (‘‘ Sên l’oiseau ’’) du persan moyen, ou du Pahlavi, considéré comme le chef de tous les oiseaux. En raison de ses liens avec l’Iran ancien, le Simorgh est devenu une métaphore du Divin dans la littérature Persane. Très proche de l’ ‘‘Anqa’’. Simorgh : le سيمرغ Simôrgh en persan moderne, Sênmurw en pahlavi (moyen perse), est aussi connu sous le nom  de Sîna-Mrû. De grande taille, puisqu’il pouvait transporter un chameau ou un éléphant, ce qui le rapproche du Roc, il est réputé très agressif envers les serpents. Dans un récit antique, il est dit qu’il vit 1700 ans avant de plonger de lui-même dans les flammes, et dans d’autres récits plus tardifs, il est dit qu’il est immortel, ce qui le rapproche du Phénix

Sohrawardi décrit ainsi le Simorg dans ‘‘le chant du Simorg’’ :

« Le Simôrgh vole sans bouger et sans ailes…Il est incolore. Son nid est à l’Est et l’Ouest n’en est pas dépourvu…Sa nourriture est le feu… Et les amoureux des secrets du cœur lui confient leurs secrets intimes.  » Razavi 1997, 73).

Il est dit que le château du Simôrgh trône sur le mont Qâf, qui surplombe la terre et qu’il se manifesta tout d’abord en Chine :
C’était en Chine, tard dans cette nuit sans lune, le Simôrgh apparut d’abord aux mortels. Il laissa une plume flotter dans les airs Et des rumeurs sur sa renommée se propagèrent partout… (‘Attâr 1984, 34)

Attar emploie le Simôrgh comme métaphore de la divinité, du Bien Aimé ou de la Réalité Absolue recherchée par les oiseaux :
Et dans les deux mondes, aucun être ne partage le trône
Qui marque le pouvoir du Simôrgh, et lui seul- Il règne dans une imperturbable omnipotence, 
Baigné par la lumière de sa magnificence- Aucun esprit, aucun intellect ne peut pénétrer
Le mystère de son éternel état… (Attâr 1984, 33-34)

Les représentations du Simôrgh varient selon l’écrivain et le contexte dans lequel le symbole est utilisé. Par exemple, il peut aussi bien symboliser l’Etre Absolu que l’être de l’Absolu. Il peut aussi bien représenter l’homme parfait (al-insân el-kâmil) dont l’intellect a été élevé au-dessus des mondes (Razavi 1997, 73), que le vagabond dans l’union Divine. Le Simôrgh se rapporte à chaque niveau universel de l’invisible; il est la réalité pour ce qui se trouve en dessous ( Nurbakhsh 1990, 148).

Pour poursuivre l’analogie, le mont Qâf représente le royaume le plus bas où vit le Simorg de la réalité spirituelle.

Une autre interprétation du Simôrgh est la permanence dans l’absolu où le mont Qâf symboliserait l’annihilation essentielle et le nid du Simorg, le vide primordial (Nurbakhsh 1990, 148). Le Simôrgh peut également être une représentation de l’Essence absolue et unique et le mont Qâf, la réalité humaine, c’est-à-dire le lieu où l’Essence absolue et unique s’est manifestée, et à travers laquelle Dieu est révélé et se manifeste avec tous ses noms et attributs

Une légende sympathique

 

Le poète Persan Ferdowsi raconte comment il sauva le prince Zal. Zal, fils du Roi Siyam était né albinos. Quand le Roi Siyam vit son fils albinos, il pensa qu’il avait la marque des démons, et abandonna l’enfant dans la montagne. Les pleurs de l’enfant arrivèrent aux oreilles du Simurgh au cœur tendre, qui vivait en haut de cette montagne, et l’oiseau récupéra l’enfant et l’éleva lui-même. Zal acquit beaucoup de sagesse en aimant Simurgh, qui possédait tout le savoir, mais quand il arriva à l’âge d’homme, il eut envie de rejoindre les siens. Bien que le Simurgh devint terriblement triste, il lui fit cadeau d’une seule plume dorée qu’il devrait brûler s’il avait besoin d’assistance.

Après son retour dans son royaume, Zal tomba amoureux et épousa la belle Rudaba. Quand vint le temps de la naissance de leur fils, le labeur fut long et terrible. Zal était certain que sa femme mourrait en couches. Rudaba était proche de la mort quand Zal décida de faire appel au Simurgh. Le Simurgh apparut et lui apprit à faire une césarienne, sauvant ainsi Rudaba et l’enfant, qui deviendrait plus tard le plus grand héros persan, Rostam.

L’Anka

le عنقاء  canqâ’ est chez les Arabes un oiseau fabuleux de grandeur prodigieuse  au long cou blanc. « Quant au Chat-Elbrouz, qui s’élève aux confins du Daghestan, sa cime sert de perchoir à l’oiseau Anka, près duquel l’aigle est oiseau-mouche et le condor un colibri « écrit Alexandre Dumas.

Roc

L’oiseau roc ou rokh est l’arabe رخّ rukkh que l’on trouve dans les Mille et une nuits, notamment dans « Sindbad le marin ». Oiseau gigantesque, il est capable de soulever des éléphants. Le voyageur marocain Ibn Battuta dit l’avoir vu et Marco Polo en parle. Ainsi fut-il popularisé dans le Monde arabe comme en Europe.  

L’ Anzu

L’anzu est le nom babylonien d’un aigle gigantesque à tête de lion. Oiseau-tempête serviteur  d’Enlil,  le roi des dieux, devenu ivre de puissance, il lui déroba les tables du destin permettant de maîtriser de la destinée de tout être.  2500 av. J.-C.

Le Griffon

Chimère à tête, buste et ailes d’aigle, et à train arrière de lion. Connu à Élam, en Perse, à la fin  IVe millénaire et peu après en Égypte, il fut généralement associé au pouvoir divin. Les Arabes le nomment فتخاء  fatkhâ’ qui tout aussi bien à un oiseau « qui n’a pas de vigueur dans les ailes » qu’à un lion « qui a de larges pattes », et les Iraniens شیردال  chîrdâl, littéralement « le Lion-aigle ».

Phénix

Oiseau fabuleux, doué d’une extraordinaire longévité, qui avait le pouvoir de renaître de ses cendres après s’être consumé sur un bûcher, symbole de résurgence cyclique, de résurrection. C’est le grec phoinix, qui est le même mot que celui par lequel on désignait également la « pourpre » et un « Phénicien ». Il est tentant d’établir un lien entre tous ces termes. Les Phéniciens se disaient eux-mêmes Kəna‘ănî (= Cananéens), terme signifiant probablement « fabriquant / marchand de pourpre ». Le nom de l’oiseau peut tenir à sa couleur pourpre ou à un rapport avec la Phénicie ou les deux à la fois. Si Hérodote et Plutarque le disent originaire d’Éthiopie et s’il est associé à la ville d’Héliopolis, il se peut qu’il s’agisse non de la ville d’Egypte mais Héliopolis de Syrie, aujourd’hui Baalbek.